Le vent soufflait avidement sur les cimes des arbres, arrachant feuilles et branches sur son passage. La Nuit, noir manteau de ténèbres, s'était étendu sur la mystérieuse forêt, couvrant le pays entier, et même au delà, comme elle le faisait chaque soir.
La lueur blafarde de la Lune éclairait une paisible clairière. Les herbes tournoyait étrangement, formant un cercle parfait autour de deux maigres silhouettes. La plus grande des deux était allongée sur le dos, sa face blanche tournée vers un ciel sans étoile. La plus petite était penchée au dessus d'elle, les mains sur son visage.
Elle était morte.
Ses yeux ressortaient salement, exorbités et striés de veines rougeâtres. Sa bouche était grande ouverte, comme figé en un hurlement éternel. La peau de son crâne était ôtée sur la partie gauche, découvrant une partie de la cervelle. La peau du cadavre était aussi blanche que la nuit, mais ses lèvres étaient tâchées d'un sang rouge – un sang frais. Ses vêtements étaient dans un état ignoble, laissant voir ça et là des plaies suintantes qui béaient en déversant un coulis brunâtre. Les côtés étaient décharnée, offrant à la Lune la vue de ses entrailles bouillante.
Elle était morte.
Au dessus d'elle, la petite silhouette pleurait tout son soûl dans le creux de ses paumes couvertes de boue. Son petit corps frêle était secoué de soubresauts – elle n'avait pas de vêtements, mais il était fort peu probable que ce fut le froid qui la mettait dans cette état. Ses cheveux étaient d'un blanc nacré, reflétant la lumière de la Lune. D'aucun l'aurait peut-être trouvée jolie si elle n'avait ces yeux – des yeux si pâles …
La petite silhouette se releva brusquement, arrachant au cadavre une branche en apparence banale. Mais lorsqu'elle l'agita en direction de la face livide de la morte, elle s'arracha une moue de douleur. Elle essaya de hurler, mais en vain.
Sa voix, tout comme sa mère, s'était éteinte.
Elle se retourna précipitamment, jetant sur son dos une cape maculée de sang, et courut vers les sous-bois.
La petite silhouette disparut dans la nuit, laissant la dépouille pourrir sous la Lune ...